Vous pourrez lire ci-dessous le texte publié par Gérard Lindeperg pour participation au débat national.
CONTRIBUTION AU DEBAT
NATIONAL
Des maladresses ont été
commises, les premiers choix politiques de Macron ont été
déséquilibrés, le mode de gouvernance s’est révélé trop
centralisé et a été ressenti comme une forme de morgue, voire de
mépris. Tout cela est vrai mais là n’est pas l’essentiel.
Macron paie le prix des problèmes accumulés depuis la crise des
années 1970 et mis sous le tapis par les gouvernements successifs.
Les gilets jaunes, avec toutes leurs ambiguïtés, ont été le
révélateur d’un malaise ancien et diffus. Mais au-delà de la
politique française, nous nous trouvons au carrefour de trois crises
mondiales.
L’aggravation des
dérèglements climatiques et l’incapacité à appliquer les
fragiles accords de Paris nous conduisent à la catastrophe.
La démocratie est
attaquée de tous côtés : par l’extrême droite et par
l’extrême gauche. Elle est menacée sur tous les continents, y
compris en Europe occidentale et aux USA où elle a pourtant ses
racines les plus anciennes. Pour la première fois depuis longtemps,
on peut avoir de véritables craintes pour notre pays.
Le système
capitaliste sur le modèle anglo-saxon nous conduit au bord du
gouffre. Des économistes libéraux comme Patrick Artus et des PDG de
grandes entreprises comme Michelin tirent les sonnettes d’alarme
lorsqu’ils voient la destruction d’entreprises victimes de la
course à la rentabilité de fonds de pension dont les actionnaires
sont de plus en plus avides au détriment des salariés.
Du Président de la
République, nous n’attendons pas des miracles. Nous attendons
qu’il nous dise que nous sommes devant une crise de civilisation,
qu’il est urgent de changer de modèle et qu’il esquisse un
nouveau projet de société. Le ralliement de la gauche socialiste à
l’économie de marché n’implique pas mécaniquement
l’acceptation d’une société consumériste et la soumission à
une croissance déconnectée des besoins fondamentaux. Le grand
virage qui est nécessaire prendra du temps ; mais d’ores et
déjà, des premières mesures doivent redessiner le nouveau cap à
atteindre.
Pour ne prendre que
l’exemple des inégalités entre salariés et actionnaires, il
serait urgent de :
- développer l’actionnariat salarié (qui ne couvre que 6% du capital du CAC 40),
- actualiser l’intéressement et la participation initiée par le gaullisme social (il ne touche que 10% des salariés des PME)
- accroître la présence des salariés dans les conseils d’administration
- réexaminer la règle de la répartition des profits défendue par Rocard (un tiers pour les investissements, un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés).
- Augmenter l’impôt de succession sur les grosses fortunes.
Cela suppose un dialogue
plus soutenu et mieux éclairé avec les syndicats réformistes.
Et question taboue :
si l’on veut contrer le capitalisme chinois, ne faut-il pas
développer des fonds de pension français et européens ?
Le débat national initié
par le président de la République ne doit pas se limiter à des
propositions dispersées et s’égarer dans une surenchère de
gadgets à la mode. Il serait souhaitable qu‘elles convergent vers
la réduction des inégalités, l’approfondissement de la
démocratie et la préservation de la planète.
Pour répondre aux trois
crises indiquées plus haut, elles doivent donner le signal d’une
orientation vers un nouveau type de société.
Gérard Lindeperg
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